Je n'ai pas coutume de faire "de la réclame" pour telle ou telle enseigne, mais il faut convenir que "notre" Delhaize a joué et joue encore un rôle tout-à-fait particulier dans le quartier.
Présent dès 1959 comme 2ème Super Marché qu'ouvre la firme bruxelloise en Belgique, le Delhaize du Longdoz a suivi les évolutions de son environnement: installé dans un local de moyenne surface en face de la gare, lorsque celle-ci disparaît, il effectue son déménagement dans la toute nouvelle galerie. Même si la succursale a connu de nombreuses épisodes de travaux, elle garde sa principale caractéristique, celle d'être le centre des relations sociales du Longdoz.
Depuis les retraités, qui attendent avec impatience son ouverture dès 8h30 jusqu'aux employés des banques ou enseignants des écoles, qui l'envahissent sur le temps de midi, ou encore les très nombreux élèves et étudiants qui viennent s'y approvisionner en canettes, sandwichs ou pizzas pour leur souper, le magasin est bien une sorte de grande épicerie de quartier.
Son fondateur ne le regretterait pas même si, pour les dividendes des actionnaires, il faudrait peut-être que le public extérieur soit un peu plus présent. La majorité des caissières sont au poste depuis de nombreuses années et en été, on reconnaît facilement leurs fils, filles ou nièces qui arborent le tee-shirt bleu du "job-étudiant" avant, parfois, de reprendre la place pour de bon. Y faire ses courses, c'est donc comme aller à une réunion de famille et s'asseoir auprès de ceux avec lesquels on a des affinités, ce qui se manifeste par le choix de la caisse où l'on va "tailler une bavette" avec les "co-attendants".
Pour le sociologue, les réflexions émises sont une source extraordinaire d'informations sur le pouls du Liégeois lambda, qui exprime avec vigueur son opinion sur le changement du climat, l'insécurité réelle ou supposée ou le comportement des jeunes d'aujourd'hui.
On se connaît, on se salue, même en dehors du magasin; il y règne une ambiance bon enfant, qui devient très rare dans notre anonyme XXIe siècle. C'est ce qui explique qu'en dépit de travaux qui ont duré plus de 6 mois, pendant lesquels le client dut supporter un éclairage digne d'une dynamo de secours, des articles qui changeaient continuellement de place et un caddie qu'il fallait piloter entre les échelles et les pots de peinture, la plupart des habitués se sont vaillamment cramponnés et ont continué leur visite quotidienne. Plus étonnant, les petites phrases entendues à plusieurs reprises, comme "qu'est-ce qu'ils fabriquent ? On ne va pas encore supprimer du personnel, des fois ? " ou encore "on ne va pas mettre des scanners quand même ? ", remarques inquiètes adressées aux caissières, qui témoignaient d'une réelle solidarité avec elles.
Si la MédiaCité se réalise, il faut évidemment souhaiter que le chiffre d'affaires du Delhaize Longdoz s'en ressente positivement et que sa clientèle s'élargisse sans perdre, on voudrait l'espérer, ce qui fait sa spécificité.
Deux ans après l'ouverture du Delhaize Flagey, le 1er en Belgique,
le Delhaize Longdoz est inauguré en juin 1959, au son d'une fanfare
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La principale nouveauté réside dans la mise en self-service de tous les produits, même la viande qui devient donc préemballée. Toutefois le Delhaize conclut des accords avec des firmes bien cotées. C'est ainsi que Delecta (qu'on connaît aussi à la Bourse, place Cathédrale) sera le fournisseur en pain/pâtisserie au Longdoz.
Pour s'y retrouver, le client reçoit un plan du magasin. L'alimentation est encore très largement majoritaire, même si la ménagère peut y acheter des produits d'entretien et peut-être aussi du dépannage pour les ustensiles de cuisine.
Une autre nouveauté extraordinaire, ce sont les surgelés qui font une apparition modeste avant de connaître une explosion avec les femmes qui travaillent et les jeunes générations qui ne mettent plus leur honneur dans les plats mijotés.
Enfin, on croit que l'ouverture du vendredi jusqu'à 21h est une invention récente, liée aux Supermarchés. Mais en fait les horaires ont toujours suivi ceux des travailleurs et bon nombre de petits commerces, à la campagne comme à la ville, ouvraient très tôt le matin, restaient accessibles tard le soir et accueillaient la clientèle le dimanche matin au moins. Les progrès de la législation sociale avec la diminution du temps de travail ont amené les grands magasins à suivre cette évolution et l'ouverture du vendredi soir nécessita des négociations syndicales, inconnues auparavant.
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Parmi les clients qui font la file dans les années 60 ou parmi le personnel qui pose pour une dernière photo avant le déménagement dans la nouvelle galerie au début des années 80, reconnaissez-vous quelqu'un ? Car certains et certaines sont encore là tandis que d'autres ont pris leur retraite il y a peu de temps...
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A l'exception de celle figurant juste ci-dessus, qui provient du Delhaize-Longdoz lui-même, les photos sont tirées du livre
que la firme a édité pour ses 165 ans "Delhaize Le Lion - Epiciers depuis 1867"
sous la direction d'Emmanuel Collet. éditions du Groupe Delhaize, 2003.
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