mon quartier le Longdoz - mon quartier le Longdoz - mon quartier le Longdoz - mon quartier le Longdoz

Liège et le Longdoz ont leur Médiacité mais ...

retour

Le 29 octobre 2010 : on a lu avec intérêt l'interview de Peter Wilhelm se réjouissant du succès de sa galerie. Le reportage de RTC allait globalement dans le même sens, même si les commerçants interrogés avaient l'enthousiasme discret. On complètera cette vision réjouissante par l'annonce du prix accordé à la Médiacité, du meilleur centre de l'année.
N'empêche que mon mauvais esprit tique sur les "5 millions de visiteurs" recensés, à moins qu'on considère comme visiteurs les presque mille élèves du collège St Louis ou les centaines d'étudiants d'Helmo (et leurs enseignants) qui, chaque jour, entrent et sortent de la galerie. Comme d'ailleurs des tas d'habitants du quartier ou usagers des bus, qui utilisent l'allée centrale comme une rue, conviviale, chauffée et sécure. Bien sûr certains achètent un sandwich ou un pannini mais pas chaque jour et pas à chacune de leur traversée ! Ici bientôt le compte-rendu des festivités de ce WE, avec le festival de magie et l'ouverture dominicale. Chic alors ;-)

Le 25 octobre 2010: fin de la semaine, le complexe fêtera son 1er anniversaire. Quel souffle balayera la bougie ? L'enthousiasme ou un vent qui vient du désert ?
Un article paru dans le Soir vendredi dernier relayait un pessimisme évident pour ceux qui, comme moi, traversent quotidiennement la Médiacité. Certes il y a du mouvement, les divans gaiement designed sont quasi toujours occupés mais y a t-il des clients, ça c'est une autre question.
Une enseigne draine beaucoup de chalands, c'est Primark dont les étiquettes défient toute concurrence. La taille et la quantité des sacs plastiques trimballés le samedi par des familles nombreuses sont stupéfiantes !
Les grandes chaines s'y retrouvent probablement aussi mais la majorité des boutiques sont étranglées par un loyer exorbitant, un bail contraignant de 3 ans et des consommateurs au porte-feuille peu fourni. Si on y ajoute l'impact psychologique du parking payant (même si dans la réalité, de nombreuses offres permettent de le rendre gratuit), la patinoire pas encore commencée et l'absence de projet cinémas concret, l'avenir de ce nouveau complexe semble se dessiner en point d'interrogation.
Comme je l'ai abondamment répété sur ce site, j'aurais voulu me tromper à 200% mais les remarques faites par les observateurs professionnels rejoignent ce que nous avions prévu, càd une nouvelle galerie qui, au mieux, déplacerait les acheteurs du centre-ville ou de Belle Ile vers le Longdoz ou, au pire, accélèrerait le déclin généralisé du commerce liégeois.
On avait visé le haut de gamme pour attirer des populations de l'Eurégio mais les magasins qui marchent le mieux sont ceux qui visent les moins riches.
Mais dans les commentaires qui s'expriment sur le Forum du Soir ou dans quelques magasins, on entend un manque d'enthousiasme à fréquenter "la faune locale".
Cela me semble intéressant à creuser, car une de nos critiques était que la quasi disparition de la place Henriette Brenu enlèverait un des seuls lieux conviviaux gratuits du quartier. Or le mobilier du complexe est assez souvent occupé par le même type de personnes que celles que l'on trouvait avant sur la place. Une première leçon à tirer est que les gens recréent spontanément ce dont ils ont besoin. Et je m'en réjouis.
Par contre, ce type de fréquentation ne plait pas aux porte-feuilles huppés dont les propriétaires décident de ne pas venir dans le complexe. Deuxième leçon à tirer, c'est que les voeux - aussi citoyens soient-ils - de "société multiculturelle" ou de "mixité sociale"ne peuvent être réalisés par la contrainte et donc que, quand ils ont le choix, ceux qui n'en veulent pas désertent, au risque que foire un projet commercial certes d'envergure mais mal étudié ...
Quant à la petite riveraine que je suis, d'un côté cette longue avenue protégée des intempéries permet la marche au chaud même par météo maussade. Le caractère très varié de la race humaine me fascine, qu'il s'agisse de tailles, de corpulences, de couleurs d'yeux, de cheveux ou de peaux, et donc cela ne m'empêche pas de sillonner le rez-de-chaussée ou la mezzanine. Quelques enseignes me font sortir de chez moi exprès mais au détriment des mêmes qui m'attiraient autrefois au centre-ville.
Par contre, le client reste totalement réfractaire au parking payant et donc nos trottoirs sont encore plus envahis que durant les travaux, malgré une pluie de PV qui s'abat régulièrement sur les contrevenants.
Enfin, constat encore plus perso : les fissures qui découpent mon carrelage, traversent mes murs, déboitent mes appuis de fenêtres depuis près de 3 ans et que BPC-MOURY-Médiacité devait colmater "avant les congés du batiment" attendent toujours l'intervention d'un professionnel, jusqu'ici total "non-pro" ! L'impuissance qui m'envahit à l'écoute d'un répondeur sans réponse va peu à peu se transformer en colère, voire en agressivité comme tous les socio-psys vous l'expliqueront !

Le 21 octobre 2009, le complexe de la Médiacité s'est donc ouvert.
La surprise était grande pour les habitants du coin car l'extérieur avançait peu alors que l'intérieur restait un mystère. Donc le 21 effectivement on a été soufflés: quand il y a du soleil, c'est très joli, les losanges colorés et les ballons gonflés. On nous promet encore beaucoup de bancs et de plantes vertes, ce qui égayera la perspective et soulagera les seniors, nombreux à profiter de la chaleur, de la propreté et de la sécurité.
Lorsque le temps est gris, l'éclairage me semble un peu riquiqui et cela fait de suite plus triste, surtout entre le link (la coupure d'Harscamp) et la Dérivation. Mais de nombreuses surfaces sont encore inoccupées et, lorsque tout sera rempli, on peut supposer que les étalages lanceront mille feux.
Quand on est dehors, il s'agit bien d'un bloc, avec de hauts murs gris pâle dont on nous dit qu'ils sont le résultat de multiples recherches esthétiques mais cela ne saute pas aux yeux et ce que l'on craignait, à savoir un OVNI encastré dans le quartier, me semble assez réel, d'autant plus que plusieurs magasins sont fermés sur la face externe et n'ouvrent que sur la galerie. Il faut sortir du link côté "rue du Nord belge", càd la 2de partie de la rue d'Harscamp et aviser le tristounet café "l'entracte" pour réaliser comme l'espoir était grand et comme ce coin bénéficie peu du renouveau promis.

Galerie commerciale à ce stade et rien que cela. Des enseignes délogées par les travaux ont retrouvé leur place, comme Blokker, Cassis, la librairie Henrard, Impulsion, Vögele, Léonidas... D'autres bien connues à Liège s'y sont installées comme H&M, Galler, Délifrance, Afflelou, Club, Zig-Zag ou Veritas, soit en délocalisation soit en duplication .
Quelques-unes sont de faux nouveaux, comme SportsDirect qui n'est autre que Disport, désertant la rue de l'Université. D'autres enfin sont véritablement des nouveautés, comme le fameux Primark, "Tati dans un décor d'H&M" selon l'expression d'un journaliste, càd du très très low-cost mais relativement bien présenté.
Ceci dit, on évitera soigneusement de s'interroger sur "qui, où et à quelles conditions a fabriqué les pantalons pour hommes à 7 euros, les pyjamas dames à 5 ou les imperméables à 12".
A mon idée, les hommes-sandwichs qui sillonnent actuellement les rues de Liège pour annoncer l'ouverture doivent être mieux payés que les ouvrières qui ont fait les vêtements.
C'est tout le paradoxe de notre société qui, il y a 10 jours à peine, a été déjeuner chez Oxfam, signant un geste citoyen pour un commerce équitable et qui aujourd'hui va aller - sans état d'âme particulier - s'habiller avec des fringues, résultats probables d'une main d'oeuvre exploitée ...

Les premiers jours ont tenu du cauchemar pour les riverains, la police fermant les yeux dans toutes les langues pour que chacun puisse se garer n'importe où sans souci. Heureusement, après une petite semaine, ce fut exactement le contraire, les PV pleuvant sans arrêt sur le malheureux qui cherchait un parking gratuit, les places étant désormais réservées aux riverains.
Gratuit car les milliers de places souterraines sont payantes (1,80 euro/h), ce qui fait râler pas mal de gens, même si la 1ère heure est offerte par des tas de commerçants. Beaucoup pensent que c'est une très mauvaise idée et qu'à terme, cela va pénaliser la nouvelle galerie. On verra, car tout dépendra de la pérennité de l'action de la police...
Un point très positif pour nous, c'est l'acharnement hygiénique dont nous bénéficions désormais, avec des balayeurs, des ramasseurs, des gardes qui interviennent plus vite que leur ombre. On peut regretter que tant qu'il ne s'agissait que de citoyens ou d'habitants, ça n'en valait pas la peine mais maintenant qu'on parle de clients...

Par conte, l'usage du link reste aléatoire en soirée ou en dehors des heures d'ouverture des commerces. Cela ne veut pas dire qu'il n'est pas possible d'emprunter la servitude qui coupe le serpent et permet de retrouver le tracé de l'ancienne rue d'Harscamp. Mais d'une part, les possibilités sont restées très confidentielles - panneau "voie sans issue", auto-collant "interdit aux vélos"... et d'autre part, des petites contrariétés se produisent régulièrement - portes coulissantes fermées qui ne répondent qu'à la clé d'un garde qu'il faut attendre, vélo obligatoirement "porté" alors que le PU spécifie bien "pour les piétons et cyclistes". Or un cycliste qui pousse son vélo devient, d'après le code de la route, un piéton. On a donc le droit de rouler sur son vélo, même si le simple bon sens amènera à ne pas le faire pendant la journée quand le flot des chalands s'impose.
Il faut être vigilant, écrire un mail au responsable à chaque fois qu'une difficulté se présente, avoir sur soi la réponse et la montrer au garde dubitatif. Bref, un droit qui doit être réactivé régulièrement.

Une conférence-débat vendredi 27 novembre au collège St Louis réunissait le promoteur Peter Wilhelm, Bernadette Merenne de l'ULG qui a fait l'étude d'incidences, Michel Firket, échevin de l'urbanisme et Olivier Dheur le président du Comité de quartier.
Il n'y eut guère de débat car une très longue intro historique et géographique fut suivie d'un assez long autopanégyrique du promoteur, lui-même complété d'un toûrsiveûs couplet du responsable communal. Il ne restait au président qu'à rapidement brosser le tableau de nos espérances déçues et il était déjà autour de 22h40. Résultat : on eut droit à 2 questions ! Les éléments ci-dessous viennent donc des speechs de chaque participant

La galerie est-elle un succès ? Le comptage journalier réjouit le promoteur car les chiffres sont impressionnants, plus qu'attendus après le rush de l'ouverture. On peut quand même préciser que la disposition de la galerie en fait une rue, surtout quand la météo est maussade et qu'on n'aurait pas l'idée de compter les passants de la rue St Paul comme autant d'acheteurs. Ainsi les centaines d'étudiants qui chaque jour descendent du bus rue Grétry et traversent en direction de l'ESAS vers 8h30/9h sont-ils comptabilisés ?
Il dit aussi que les commerçants sont enchantés. Mes observations sont plus variables : l'horeca marche très bien, quelques locomotives de vêtements ou utilitaires aussi mais dans pas mal d'autres, les vendeurs bavardent longuement entre eux (sauf le samedi). Tout le monde n'engrange pas des bénéfices inouis, alors que les loyers eux le sont, inouis.
Les surfaces sont loués à près de 90% mais beaucoup se sont décidés lorsque le bâtiment était quasi fini et donc n'ouvriront pas tout de suite.

Cité des médias ? Actuellement non, mais on nous annonce la RTBF opérationnelle dès l'automne 2010, la patinoire pour 2012 et donc un peu de loisirs.
Le fitness était prévu, la surface a été aménagée, une belle superficie au 1er étage le long de la rue d'Harscamp entre Poste et link mais celui qui avait signé s'est désisté, prêt à affronter un procès plutôt que de devoir tenir ses engagement. La crise est passée par là.
Les médias se limitent aujourd'hui au Cluster du Pôle Image, heureusement déjà riche et varié, tant dans la tour Belgacom que dans l'ancien établissement Jubilé rue des champs. Pour les studios, on verra.
Les cinémas ? "nous sommes les victimes d'une guerre où chacun pratique la politique de la terre brûlée", explique P.Wilhelm. En français, cela veut dire qu'UGC ne peut venir car le nombre de salles permises est trop restreint pour lui et, du coup, ne veut pas que Kinepolis vienne. Le promoteur fait le tour d'une série de petits distributeurs qui, ensemble, pourraient valoir un gros. Les spectateurs attendent (un peu pigeons ? ).

Les compensations ? On en a déjà beaucoup parlé dans ce site: nous avons droit à une plaine de jeux et on nous la propose uniquement à un endroit, l'assiette du chemin de fer en bordure de la rue Natalis, et obligatoirement en cohabitation avec le terminus du bus 4. C'est là que le bât blesse car outre les pots d'échappements, il y a la réduction de l'espace disponible et la relégation loin du passage, càd du contrôle social.
Les positions officielles sont à la fois fermes - tout est décidé, fixé, bouclé et de toutes façons, vous étiez d'accord - et floues: on étudiera les autres pistes.
Dire que le comité était d'accord est un gros mensonge: comme déjà expliqué également, nous avons eu voix au chapitre sur la base de rien du tout, càd que nous avons reçu une mise en demeure de donner nos desiderata, sans connaître ni la superficie, ni le budget, ni la décision précise quant à la position du TEC.
Vous en connaissez beaucoup de maîtres d'oeuvre capables de formuler une demande à un architecte sans ces éléments ?
Et quand on a eu les réponses, les plans étaient faits et le terminus du TEC boulonné.
Le président a rappelé nos demandes, exposé pourquoi elles étaient fondées, suggéré d'autres pistes qui présentent de sérieux avantages, (comme le fait de relier l'espace loisirs avec la résidence seniors, ce qui donnerait à celle-ci un coin de verdure et augmenterait les regards sur ce qui se passe ) ; mais on n'en sait guère plus sur nos chances de faire bouger le bloc Ville-TEC.

A propos du link et de sa traversée, avec pas mal de mauvaise foi, P.Wilhelm proclama que les volets qui descendent le soir et protègent les accès commerciaux sont les plus chers du monde, vu le peu de gens qui en profitent. Il oublia de dire que, pendant 2 ans, la rue d'Harscamp fut coupée à cause des travaux, et ce même pour les piétons et que, cfr supra, aucune indication ne mentionne aujourd'hui clairement que le passage est redevenu possible. Tout est fait pour limiter le "flot" d'usagers lents. Mais comme on lui a fait remarquer, quand la patinoire sera ouverte, ce sera la voie la plus directe vers les arrêts de bus et son compteur remontera !

Bilan actuel ? Vu la météo maussade, la longueur de la galerie - plus de 600m - nous permet d'effectuer nos minima quotidiens de marche sans se faire rincer ou refroidir. L'environnement est agréable, les tentations multiples, les rencontres entre liégeois fréquentes. Je n'ai encore rien trouvé pour casser mon cochonnet sauf une nouvelle paire de lunettes, le genre d'achat qu'on ne renouvelle pas souvent.
Mais il y a du convivial et de l'espace; la multiplication des gardes et des services d'entretien donne une impression de grande sécurité, ce qui est certainement un puissant atout: pas de tags, pas de crottes de chiens, pas de papiers gras. Reste à voir si cela suffira à attirer le minimum nécessaire de clients.