Didier Fourmanoit a démarré sa carrière à la gestion de l’ancienne patinoire de Coronmeuse il y a plusieurs années déjà, c'est donc un expert des pistes gelées qui nous a donné rendez-vous.
Il nous emmène à la découverte de son domaine en commençant par les sous-sols. C’est là que se trouve la machinerie essentielle à la création de la piste, càd les énormes réservoirs de gaz - ammoniaque - et les compresseurs grâce auxquels la température des circuits d’eau descendra entre -7 et -10 degrés.
Le glycol, un antigel, a été ajouté à l’eau qui circule au-dessus de la piste. Ce liquide visqueux, en cas de fuite, ne provoquerait pas d’émanation toxique sur la piste.
Pour plus de détails techniques, suivez le lien de l’entreprise qui a réalisé les machines http://www.aximaref-gdfsuez.be/UserFiles/File/Patinoire-de-Liège-lr.pdf
Continuons l’exploration des couches : nous avons donc la glace avec les tuyaux qui circulent, ensuite 60 centimètres d’isolation et ensuite, bizarrement un système de chauffage, nécessaire pour empêcher les plafonds des parkings souterrains de geler.
Le reste de la rencontre se fait en questions/réponses, de manière conviviale et très instructive
Pourquoi n’a t-on pas rénové celle de Coronmeuse, installée dans un « Palais de Sports » construit pour l’exposition internationale de l’eau en 1939 et qui ne manquait pas d’allure ?
Le bâtiment, de 1938, avait mal vieilli, comprenait de l’amiante - d’où l’attentisme pour le démonter - coûtait cher en chauffage, les équipements ne convenaient plus aux pratiques actuelles et des fuites dans les faux-plafonds avaient occasionné beaucoup de dégâts. Elle fonctionna jusqu’en 2011 mais l’ampleur des travaux à envisager a fait choisir la solution d’une construction.
Diverses possibilités d’implantation avaient été explorées comme celle au Country Hall mais c’est finalement un emplacement jouxtant le tout récent complexe commercial du Longdoz qui fut choisi. Partant de rien, la construction bénéficiait de nouvelles techniques permettant notamment de diminuer la facture énergétique.
Si la patinoire appartient à la Ville, c’est un exploitant privé, Equalia, expert français dans les infrastructures liées à l’eau (chaude ou gelée ! ) qui a été choisi.
Le public visé, c’est bien sûr les individuels, les familles, les clubs, mais aussi le public scolaire.
L’an dernier, la patinoire a accueilli 26.000 enfants du public scolaire (qui peuvent venir sans réservation : facilité pour eux, complication pour le gestionnaire ! ), 4 clubs de hockey dont 2 de championnat, 1 du RCAE, 1 plus spécifiquement ouvert aux personnes atteintes de handicap et enfin, les classes de patinage artistique.
La volonté de la Ville était de rendre l’accès moins coûteux ; elle octroie à Equalia un subside annuel qui permet de baisser les prix jusqu’à 3,7 euros, entrée et patins compris, pour les écoles, qu’elles soient de Liège ou d’ailleurs.
Au début de l’exploitation (la patinoire a ouvert en décembre 2012), l’ancien champion français Philippe Candeloro est venu faire un spectacle. Peut-on espérer encore ce genre de choses ?
Ce seul événement a couté 50.000 euros et les rentrées n'ont pas pu couvrir l'ensemble des dépenses ! Contrairement à ce que l’on pensait, le public n’a pas très réceptif à ce type de spectacle et le nombre de places ne permet pas d’accueillir les toutes grandes manifestation comme Holiday on ice. Si on veut augmenter les sièges, il faut ajouter au coût du spectacle, ceux de mesures anti-froids pour les spectateurs qui seraient sur la piste et anti-dégradations pour la glace !
Une négociation avec le cirque de Moscou pourrait avoir une issue positive fin 2017.
Le Trocadero a présenté avec un certain succès aux fêtes de fin d’année un petit spectacle intitulé "ça patine" et pourrait recommencer à la rentrée 2018 sur la piste de la Patinoire de Liège.
La prudence reste de mise dans l’accueil d’évènements puisqu’au-delà du subside de la Ville pour le public scolaire et sportif, c’est Equalia qui prend tous les risques à sa charge.
On ne peut non plus imaginer que Equalia réserve un spectacle pour l’ensemble de ses patinoires (elle en gère 5 en France) car elles sont très différentes en taille et en équipement.
Vous faites partie du contexte Médiacité, avez-vous des collaborations pour mieux vous faire connaître ainsi que votre programme d’activités et les diverses possibilités d’usages festifs de la patinoire (on pense à la RTBF, à l’affichage Médiacité, aux écrans publicitaires de la galerie …)
Le partenariat n’est ni simple ni gratuit. Certes une courte interview à la RTBF sera possible mais s’il s’agit de quelque chose de plus détaillé, une réciprocité sera attendue en terme de publicité. Les écrans de la MDCT dépendent d’une firme privée et il faut donc négocier et payer. La disposition de panneaux aux entrées nécessite aussi le feu vert de la gestionnaire de la galerie, …
Beaucoup de gens le dimanche ne savent pas par où entrer quand ils essaient de venir par le CC.
C’est vrai, même si les informations sur le site sont très précises sur ce sujet. Il est aussi difficile de quitter tard car après 23h30, les alarmes sont lancées et il faut sortir par la rampe.
Il y aurait probablement eu moyen de disposer de conditions plus avantageuses pour l’exploitation mais Médiacité n’a pas d’intérêt particulier à promouvoir la réussite de la patinoire en dehors de ses heures d'exploitations commerciales. Seul avantage pour elle: l’augmentation de la fréquentation dans le couloir de la galerie. Depuis l'arrivée de Madame Dumez, les relations sont plus conviviales et petit à petit, la patinoire et Médiacité commencent à travailler ensemble.
Si les cinémas se font, ce sera différent car il y aura dès le départ, une négociation entre deux privés.
Est-il possible d’imaginer un partenariat avec les cinémas, style billet groupé ou réduction familiale valable d’un côté et de l’autre ?
Tout est possible mais le climat de la galerie n’est pas prioritairement à la collaboration entre les enseignes. Même si l’actuelle directrice a fait énormément pour la convivialité et la bonne ambiance, les commerçants restent très individualistes.
Y a t-il plus de public qu’auparavant ?
A Coronmeuse, on comptait un maximum de 80.000 participants sur 6 mois
Sur le site actuel, il y a 250.000 entrées par an, en ouvrant de mi-août à mi-mai.
Il y a déjà des patins taille 25 (3 ans) et même des patinettes avec 4 lames ainsi que des kits d’aide à l’équilibre.
Les clubs (http://patinoire-liege.be/clubs/) ont plus que doublé d’effectifs.
Les pointes de fréquentation du public se situent durant les Vacances de fin d’année. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la patinoire de Noël place Cathédrale n’est pas une concurrente mais allonge la saison des « vacances hivernales » - la période d’affluence commence plus tôt et finit plus tard. D’autre part, elle sert un peu de découverte du sport pour les enfants que les parents emmènent ensuite dans la vraie patinoire.
Deux des photos représentent l'occupation durant ce congé de Carnaval. La patinoire a été scindée, environ en 1/3 et 2/3 : une partie sert aux stages d'apprentissage des enfants avec des moniteurs tandis que l'autre est ouvert au public. Cette fois on y remarque de nombreux parents avec des enfants découvrant l'équilibre grâce aux fameux kits. Des kits réservés aux enfants et qui ne doivent pas - ne devraient pas ! - être poussés par un adulte car si celui-ci tombe, il s'écrase sur l'enfant devant lui. On trouve également des sortes de phoques sur lesquels peuvent être assis les petits et les grands cette fois, pour continuer à profiter du plaisir de la glisse même quand on est fatigués, ce qui arrive vite pour les plus jeunes !
Etes-vous content du matériel ? Il y a eu des fermetures à cause de la surfaceuse, non ?
Notre surfaceuse n’est pas assez puissante ni en batterie ni en résistance de fréquence mais l’architecte n’a pas prévu une entrée assez grande pour pouvoir introduire n’importe quel modèle. On n’a pas eu vraiment le choix. Il y eut d’ailleurs peu de contacts entre les architectes du bureau issu de la procédure des marchés publics et les responsables de Coronmeuse. Les options ne furent donc peut-être pas optimales.
Il faudrait réorganiser certaines parties comme les vestiaires pour clubs ou les bacs à eau mais pour le gestionnaire, il y a un combat constant pour viser l’équilibre des finances.
De toutes façons, le contrat avec la Ville interdit de modifier le bâtiment sans l'accord de toutes les parties , donc il faut suggérer et attendre !
L’an dernier fut une mauvaise année notamment à cause des attentats, puisqu’on conseillait de ne pas fréquenter les lieux publics. Une (fausse) alerte à la bombe qui a eu lieu dans le centre commercial a permis de voir les failles de communication et d’organisation de l’évacuation. Il faut penser qu’on ne fait pas sortir n’importe comment ni par n’importe quel circuit plusieurs centaines de personnes chaussées de patins (ou en chaussettes !). Depuis des réunions de coordinations ont été programmées et les lacunes se résorbent.
Et les relations avec le quartier ?
Nous n’en avons pas beaucoup mais elles ne sont pas mauvaises (NDLR : notre président est un hockeyeur de talent!).
Nous avons dû découvrir par nous-mêmes tout notre environnement. On nous a donné les clés et puis «débrouillez-vous », la Ville n’a pas servi d’intermédiaire entre les différents partenaires.
NDLR : Au congé de Carnaval, l’ Ecole de Devoirs « Espoir et Vie » viendra.
Une nouvelle activité sympathique existe depuis cette année, c’est le Bubble Foot Ice, à découvrir dans le reportage de la RTBF
https://www.rtbf.be/vivacite/emissions/detail_liege-matin/accueil/article_le-bubble-foot-on-ice-debarque-a-la-patinoire-de-liege?id=9526349&programId=1231
Elle se déroule tous les vendredis de 16h à 18h.
Ce pourrait être une animation qui réunirait grands et petits du quartier, un de nos objectifs cette année.
Comment se porte le patinage artistique ?
Le CPLA s’entraîne tous les jours, WE compris, essentiellement pour préparer le spectacle annuel. Le nombre maximum d’inscrits est atteint.
Pour arriver à un haut niveau dans cette discipline, il faut énormément de rigueur et de motivation, ce qui manque probablement aux jeunes, aux parents pour soutenir leurs efforts et les inciter à respecter les consignes des professeurs et au Comité d’encadrement
Merci cher Monsieur Fourmanoit, de cet échange, intéressant et ouvert. Nous essayerons donc de mettre sur pied une sortie « petits et grands » lors d’un vendredi fin de journée et n'hésiterons pas à recommander la patinoire, cette chouette activité, sportive mais aussi ludique, accessible de 3 à ... 93 ans, du moins si l'arthrose n'a pas envahi les articulations ;-).
A bientôt !